Titre

Espace liturgique en Bulgarie médiévale entre le IVème et le XIème siècle: un lieu de rencontre entre un art officiel et un art des fidèles.

Auteur Julia REVERET
Directeur /trice M. Jean-Michel Spieser
Co-directeur(s) /trice(s) M. Bruno Phalip Mme Pascale Chevalier
Résumé de la thèse

Ce doctorat a pour objectif, en étudiant l’art architectural et décoratif, de comprendre et d’analyser les interactions et les relations qui peuvent exister entre la liturgie, les pouvoirs étatiques et religieux, les fidèles et l’art.La Bulgarie, aux frontières fluctuantes durant toute la période médiévale est d’un grand intérêt par sa situation géographique de carrefour où depuis l’époque thrace se croisent et fusionnent différentes ethnies et civilisations. Il est notamment depuis la chute de l’Empire romain un point de confluence et de rencontres entre les cultures des empires romains d’Occident et d’Orient, des peuples venant du Nord, du monde méditerranéen et des régions d’Asie centrale, c’est-à-dire proche de la mer d’Aral et de la mer Caspienne. D’autre part, elle présente également une région intéressante pas sa proximité avec la capitale impériale, Constantinople. Il est donc nécessaire d’analyser dans ce sujet le poids et le rôle de cette puissance sur le développement et l’évolution de l’art chrétien produit sur ces terres balkaniques depuis l’installation d’Asparouch en 680 mais surtout lors de la prise de Preslav par les Byzantin en 1018. Durant cette dernière période, nous nous pencherons aussi sur l’art établis sous le pouvoir étatique bulgare exilé à Ohrid (Macédoine). Nous voudrions nous interroger plus profondément sur la production artistique adoptée face à cet héritage multi-ethnique et multi-culturel, et la présence d’un pôle artistique, politique, économique et religieux à fort rayonnement.

Les limites chronologiques fixées, allant du IVème au XIème siècle ont pour objectifs d’envisager l’évolution de l’art chrétien, de percevoir ses changements, ses continuités et ses ruptures. Elles permettent de ce fait d’observer depuis les premiers temps la production artistique sous la mise en place de la foi chrétienne sur ces terres avant la conversion officielle de 864 sous le règne de Boris-Michel Ier (852-889) puis ses évolutions sous le Ier royaume bulgare (864-1018) et enfin sous la domination byzantine.Par ailleurs, l’adoption de la religion chrétienne en tant que religion d’État en 864 conduit à nous interroger sur la naissance d’un État, avec en parallèle, cette mise en place officielle de la religion chrétienne. Ceci crée ainsi un contexte de construction mutuelle captivant permettant de voir justement comment évolue l’art. Participe-t-il à la construction, à l’adoption dans les mentalités de cette nouvelle religion et existe-t-il une sorte de relation inter-fusionnelle entre ces différents domaines?

Cependant, cette étude repose surtout sur l'observation de l’art architectural avec l’analyse de la conception des édifices cultuels, c’est-à-dire les plans, les organisations spatiales et leurs évolutions mais également sur l’art décoratif monumental et plastique. Ces deux derniers domaines permettent d'entrevoir une relation plus intime avec le fidèle qui s’exprime notamment à travers les dessins-graffitis, observés sous la forme d’un art des steppes entre les VIIe-IXe siècles puis après la conversion sous forme de symboles chrétiens. Nous avons ainsi pour objectif principal de comprendre les productions artistiques chrétiennes face à cet héritage multi-ethnique, plus précisément les liens existants entre l’art chrétien officiel et ces populations emprunts de traditions, de croyances et d’un savoir technique. Les relations fusionnelles entre l’art et les populations ont en effet des conséquences sur la construction et sur les choix des thèmes iconographiques, qui dépendent tout autant des canons liturgiques que des goûts et traditions architecturales locaux.

Nous souhaitons ainsi comprendre dans quelle mesure l’espace liturgique en Bulgarie médiévale est un lieu de fusion entre un art officiel définit par les pouvoirs politiques et religieux et un art des fidèles pourvus d’un héritage technique, culturel et artistique issu des différentes cultures présentes sur ces terres, en mesurant cependant ses limites et l’impact de sa conception face à sa proximité d’un centre culturel et religieux rayonnant et influent, qu’est Constantinople ?

En nous appuyant sur un corpus et une base de données comprenant tous les édifices chrétiens mis au jour en Bulgarie actuelle puis très prochainement compléter par ceux de la Macédoine, nous envisageons de compléter cette étude par l'analyse d'une sélection de dessins-graffitis présents dans les églises. Cela devrait apporter une meilleure compréhension des rapports établis entre l’architecture et l’objet mais également sur la circulation et l'organisation dans les édifices et les rôles assignés pour certains espaces.

Les sources archéologiques comme les sources écrites sont naturellement les outils fondamentaux à cette étude et à la compréhension des mentalités, des mœurs, de la liturgie et des contextes politiques, économiques et religieux de ces régions.

Nous espérons ainsi apporter de nouvelles pistes de travail dans le domaine de la recherche sur l’art byzantin et les productions artistiques des territoires souvent perçus comme des « hinterlands » de Constantinople. Nous souhaitons également apporter de nouveaux éléments à la compréhension des mentalités durant la période médiévale, de la perception de l’art par les fidèles et de leurs relations entretenues avec la religion chrétienne.

 

Statut
Délai administratif de soutenance de thèse
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